Facebook Live
Bilan 2020 -
perspective 2021
16 décembre 2020
- Sophie Cluzel: Bonjour à toutes
et tous. Merci pour l’interprétariat. Nous avons eu un problème technique qui
nous a retardés d’une demi-heure, mais nous sommes là en face. Je suis très heureuse
de vous retrouver en cette fin d’année, pour répondre à toutes vos questions
dans ce Facebook Live en interaction, mais merci de vos questions. Vous avez
posé des questions sur des sujets très divers, sur les fonctionnements des
maisons du handicap, etc., je vais commencer…
Beaucoup de questions sur
l’allocation adulte handicapé.
Sujet majeur dans notre politique
publique. Sachez que cette allocation adulte handicapé a eu deux revalorisations
depuis le début du quinquennat. C’est 11 milliards consacrés à l’allocation,
revalorisée à 900 euros par mois, pour près d’1,2 millions de bénéficiaires.
Cette augmentation, qui a été annoncée par le candidat président a été faite
par le président Macron.
C’est un minima social qui répond à
l’objectif de concentrer la solidarité nationale vers ceux qui en ont le plus
besoin. A ce titre, son calcul tient compte de l’ensemble des ressources du
foyer de son bénéficiaire, pour faire jouer la solidarité entre conjoint et
partenaire.
Cependant, je tiens à le préciser,
son mode de calcul est distinct des autres minima sociaux, car nous prenons en
compte des modalités d’attribution plus favorables qu’un minima comme le RSA,
il y a un abattement de 20% sur la prise en compte des revenus du conjoint. Le
plafond de ressources est supérieur. Pour un couple avec deux enfants, le
plafond est de 1 186 euros pour le RSA contre 2 536 euros pour l’AAH. 24% des
allocataires sur les 1,2 millions sont en couple. Une grande majorité de ces
personnes en couple, 60%, près de 160 000 personnes, bénéficient de cette
revalorisation à taux plein à la suite de la réforme.
Ce calcul permet de protéger aussi
les personnes en situation de handicap qui travaillent et qui sont en couple.
Trop souvent, on pense que c’est la personne handicapée qui ne travaille pas,
dans le cadre d’un couple, un allocataire de l’AAH peut toucher la totalité de
son AAH avec son SMIC. Donc ce n’est pas tout noir ou tout blanc, il faut
donner de la visibilité et faire de la pédagogie.
Plusieurs questions sont autour de l’école,
de l’enseignement. Certains s’interrogeaient sur les questions de formation des
enseignants. Le ministre de l’Education nationale s’est engagé, et dès la
rentrée 2020, elle fera partie intégrante de la formation initiale des
enseignants, et nous travaillons bien sûr sur la formation continue.
Aujourd’hui, plus de 385 000 élèves sont scolarisés à l’école publique de
quartier, privée aussi, mais l’école dite ordinaire, c’est 6% de plus par
rapport à l’an dernier. Mais pour autant, on ne va pas assez vite, sur la
formation conjointe avec les accompagnants d’élèves en situation de handicap,
plus de 110 000 maintenant, ils reçoivent eux aussi une formation, mais
nous devons former la communauté éducative. En tant que parent, la
scolarisation d’un enfant handicapé concerne les parents avant tout, bien sûr,
dans la communauté éducative, les enseignants, les accompagnants, mais aussi
cette expertise des rééducateurs, les orthophonistes, etc., pour faire en sorte
que ces regards croisés se complémentent. C’est très important. Il y a eu 8000
accompagnants d’élèves en situation de handicap recrutés en plus à cette
rentrée scolaire.
J’ai aussi plusieurs questions,
toujours sur la formation et l’école, sur la création des classes. On a un
programme extrêmement ambitieux, mais qui est respecté, malgré la crise, sur la
création des classes ULIS, autisme, maternelles, élémentaires, sur les ULIS,
plus de 367 unités localisées créées.
Il y a un programme ambitieux, déjà
71 classes Autisme à la rentrée 2020, 85 pour 2021, 70 en 2022. 101 postes
d’enseignants ressources ont été créés pour accompagner leurs collègues
enseignants, les accompagnants pour les besoins particuliers de l’autisme.
Et la coopération est fondamentale,
nous avons le déploiement des pôles d’inclusion et d'accompagnement localisés,
pour avoir des AESH mobilisés.
Des questions aussi sur l’offre
médico-sociale, le nombre de places dans les établissements, comment c’est
calculé, etc. Nous avons créé des places, et l’offre de places et de services a
doublé en dix ans. 3000 places en SESSAD ont été créées depuis 2017. Il y a
toujours trop d’enfants en attente, nous devons accélérer les sorties de
solution. Pendant la crise sanitaire, on a été agiles, on a pu faire tomber des
freins sur les agréments, on a eu des établissements qui sont restés ouverts et
qui ont pu accueillir des enfants qu’ils ne connaissaient pas, avec des durées
d’accueil plus longues. Nous allons travailler avec les associations
gestionnaires pour leur faciliter la vie, avec les ARS et les départements. Et
il y a le 0 800 360 360 pour répondre aux solutions d’urgence,
besoin de répit, accès aux soins, c’est avec ces acteurs qui ne se parlaient
pas beaucoup, qui sont maintenant en plus élargis au droit commun, car nous
devons travailler aussi à l’accès aux loisirs, à la culture, c’est bien ça les
communautés 360, c’est lever les freins juridiques et que les acteurs se
parlent entre eux. Et il y a des personnes handicapées avec des besoins
complexes, nous travaillons à la sortie d’unités de vie, de 6 ou 7 personnes,
pas plus, pour un chez soi digne et respectueux, pour éviter les départs en
Belgique. Nous travaillons avec la Délégation Autisme, mais aussi avec les ARS,
pour trouver ces solutions plus rapides pour les personnes qui ont des besoins
extrêmement complexes, et qui sont renvoyées dans leurs familles, comme si les
familles pouvaient tout faire.
Une question très précise sur les
MDPH et les droits à vie. Sur les délais de traitement notamment.
Oui, c’est intolérable, cette iniquité
territoriale, d’avoir parfois trois mois de délai de réponse. J’ai voulu créer
une feuille de route, construite avec les départements, et la CNSA, pour en
toute transparence, dans chaque département, vous donner l’accès à
l’information des délais, de l’octroi des droits à vie, de l’intensité de
l’activité et de la satisfaction des usagers. Vous pouvez aller consulter les
résultats de votre propre département sur le site de la CNSA. L'Etat accompagne
les MDPH qui ont des problèmes ou d’informatique, ou de formation d’équipe,
pour que nous améliorons tous ensemble ces délais. Il y a des droits à vie pour
les personnes avec un handicap installé à 80%, plus besoin de refaire son
certificat médical tous les trois ans si vous avez un adulte aveugle, amputé,
myopathe, le renouvellement, c’est fini, vous avez des droits à vie.
Et il y a des créations de
nouvelles prestations, nous y reviendrons.
Des questions importantes sur la
phase Covid, par exemple sur la vaccination.
La vaccination va démarrer au début
de l’année, le Premier ministre s’en explique actuellement devant le parlement
pour présenter la stratégie. Une priorisation sur les publics handicapés
vieillissants, qui seront vaccinés en même temps que les EHPAD, j’ai demandé à
ce qu’on puisse élargir cette vaccination aux foyers d’accueil médicalisés,
nous vous ferons parvenir la réponse.
Des questions importantes sur
l’emploi, comment les ESAT ont été protégés pendant le Covid, nous avons voulu
être à leurs côtés. Dès la fermeture, nous ne voulions pas qu’un seul travailleur
en situation de handicap ou association gestionnaire puisse avoir un euro de
perte. Plus de 160 millions ont été mis aux côtés des ESAT, pour qu’il n’y ait
pas de baisse de revenu. Dans le deuxième confinement, ils n’ont pas fermé,
sauf ceux en prise direct avec l’hôtellerie et la restauration.
Un fonds de dotation de 350
millions pour les entreprises adaptées, pour qu’elles puissent justement
répondre à des appels à projet, se reconvertir, elles ont été très inventives
pendant la crise, pour sécuriser les parcours d’insertion professionnelle.
Le plan de relance est inclusif, et
nous avons dédié 100 millions à l’emploi des personnes handicapées, 4000 euros
pour une aide à toute embauche de plus de trois mois ou d’un CDI, ce sera
prolongé jusqu’à fin juin, et 8000 euros pour les contrats d'apprentissage.
Et ce quel que soit l’âge de la
personne handicapée, nous avons levé ce frein de l’âge. Nous sommes aux côtés
des personnes pour les accompagner pendant cette crise.
Vous avez posé des questions sur la
revalorisation des professionnels du médico-social du handicap. Bien sûr, c’est
une injustice, ce n’est pas normal. Et je suis en train de la réparer, avec
l’ouverture des concertations post-Ségur, nous devons revaloriser tous ces
professionnels qui ont accompagné les personnes handicapées pendant cette
crise, et nous y travaillons pour réparer cette injustice. Le Premier ministre
a missionné Michel Lafourcade sur ce sujet, et nous avons à réfléchir aussi sur
l’attractivité des métiers, les passerelles, la reconnaissance structurelle des
acteurs de ce secteur si important.
Enfin, peut-être une dernière
question qui a été beaucoup demandée, je pense à celle sur le coût des aides
techniques et le reste à charge important pour les familles.
Nous sommes le premier gouvernement
à rouvrir cette liste des aides techniques, trente ans qu’elle n’avait pas été
rouverte, nous remboursions très bien des aides techniques obsolètes. Nous
avons un vrai rapport opérationnel, c’était l’objet de mon déplacement à Rennes
ce lundi pour voir comment ces aides techniques peuvent être améliorées,
comment travailler sur l'économie circulaire, avoir une labellisation, et nous
y travaillons, c’est important parce que ce reste à charge est trop important
pour beaucoup de raisons, d’abord parce que les prix grand public sont trop
élevés, il faut les baisser, et il faut aussi simplifier les aides techniques à
la juste aide.
Je prends maintenant des questions
en live direct.
J’ai eu une première question… Je
regarde…
Une première question posée par
Herveline, le délai d’attente pour avoir un diagnostic d’autisme est très long,
que faites-vous pour que cela s’améliore ?
Vous avez raison, parfois c’est
plus d’un an pour avoir un diagnostic.
Deux choses. Déjà, on peut agir
avant le diagnostic, c’est l’enjeu du dépistage précoce, pour pouvoir mettre en
place dès les premiers signes d’alerte, des interventions. Avec une prise en
charge des frais de psychologue, d’ergothérapie, et de psychomotricien. Et pour
les adultes qui ont trop longtemps été en errance avec des prises en charge mal
à propos, il nous faut accélérer. Nous avons des centres de ressources autisme
sur lesquels nous investissons pour qu’ils puissent recruter des personnels en
renfort. Il y a déjà 50 ETP, des éducateurs, qui ont été recrutés pour
constituer un vivier pérenne, actif pour traiter ces dossiers en attente, avec
des professionnels compétents.
Nous avons 12 centres de ressources
qui ont fait diminuer les délais, mais ça ne va pas assez vite, nous en sommes
conscients.
Le forfait d’intervention précoce,
de 0 à 7 ans, est étendu aux 7 à 12 ans, pour les troubles du
neurodéveloppement, ils sont souvent détectés à partir de 7 ans, lors de la
scolarisation.
Nous avons une autre
question : quand allez-vous revaloriser le statut des AESH et
reconnaître leur travail indispensable, mais dans une précarité
inacceptable ?
Vous avez raison, c’est pour ça que
le ministre de l’Education nationale a souhaité que tous les AESH soient
contrat Education nationale. En 2017, 60% étaient en contrats aidés, qui
parfois s’interrompaient en milieu d’année scolaire. C’est fini, ils sont
maintenant tous en CDD, et pour beaucoup en CDI. Pour autant, ils ne sont pas
déprécarisés. Pour beaucoup d’entre eux, nous pouvons offrir du 35h, pour
permettre d’avoir des AESH ressources, ils font partie du dialogue social, nous
y travaillons parce que c’est une ressource extrêmement importante. La moitié
des enfants handicapés sont accompagnés, les autres ont besoin d’adaptation
pédagogique, de matériel, mais ceux qui ont besoin d’être accompagnés doivent
l’être par des professionnels bien dans leur métier et qui peuvent évoluer.
Reconnaître le personnel du
médico-social et revalorisation de salaire… Oui, c’est une injustice
incompréhensible, car ces professionnels ont été à côté des personnes
handicapées, comme les personnels hospitaliers. Nous y travaillons, j’ai
demandé à ce que ce soit rapide, que les concertations aboutissent rapidement,
début 2021, pour que nous puissions travailler à une revalorisation salariale.
Et nous avons ouvert tout l’enjeu de l’attractivité sur les métiers.
Nous avons une
question : à quand la reconnaissance des aidants ?
Ils sont un des piliers de notre
société. Près de 10 millions d’aidants, ils s’occupent d’un enfant, d’un adulte
handicapé, ou d’une personne âgée. A été lancé le congé rémunéré pour les
aidants en posture de salarié, pour leur permettre de concilier vie
professionnelle et vie personnelle, trois mois qu’ils peuvent prendre pour
mettre en place par exemple un service à domicile pour s’occuper de leur
enfant, ou pour aller à des consultations éloignées sur des spécialistes. Trois
mois, à peu près dans les 50 euros par jour, 48 pour une personne en couple, 52
euros, je crois, de mémoire, pour les personnes qui sont seules.
Pourquoi ? C’est très important d’être face à un employeur et de lui
dire : je pose mes jours pour accompagner mon enfant ou une personne
âgée.
Nous avons développé des
plateformes de répit avec des solutions de répit, c’était très demandé à la
sortie du confinement, et c’est pour ça que nous avons mis en place le numéro 0
800 360 360.
Quid des emplois
accompagnés ? On veut pouvoir bosser. Est-ce que c’est l’emploi
accompagné dont vous me parlez ? Est-ce que le dispositif d’emploi
accompagné…
Parfois certains types de handicap,
comme le handicap psychique est complexe à accompagner dans une entreprise, et
il faut des services d’emploi accompagné, avec des spécialistes, comme le Club
House, qui peuvent accompagner la personne, mais aussi le collectif de travail.
C’est pérenne, gratuit pour les entreprises. Ça, c’est pour sécuriser l’emploi,
le maintenir, et permettre à la personne d’évoluer.
J’espère que j’ai compris votre
question.
Sandrine : à quand les
fauteuils électriques remboursés à 100%, ou pouvoir faire un crédit avec
l’AAH ?
Ça fait partie de la mission de
Philippe Denormandie, du rapport. Il est intolérable d’avoir un reste à charge
extrêmement important sur des fauteuils électriques qui sont extrêmement
coûteux. C’est moins le coût des fabricants, car on a fait du benchmark au
niveau de l'Europe, que de la problématique de la distribution.
Après, il faut simplifier, avoir
des référencements de fauteuils plus simples, évolutifs.
Nous avons introduit dans la loi de
sécurité sociale de l’an dernier, la possibilité de réfléchir à l'économie
circulaire. Beaucoup de personnes nous disent : je n’ai pas besoin
de changer de fauteuil, mais de le réparer, ou d’avoir une évolution. Ce qui
m’importe, c’est la qualité d’usage du fauteuil. Avons-nous tous besoin d’être
propriétaires de nos aides techniques ? Peut-on aller vers un
système de location, performant, dans l'économie de mon territoire, accessible,
qu’il y ait un vrai suivi de service après-vente, nous y travaillons aussi pour
aller vers quelque chose de plus opérationnel.
Qu’en est-il de l’accessibilité de
tous les lieux publics à l’aube de l’accueil des JO, être dans une société où
on ne peut pas circuler où on veut et quand on veut ?
Bien sûr qu’il faut qu’on y aille
dans cette société accessible, et de conception universelle. On a un enjeu sur
les transports. A peu près tous les transports tramway et bus sont accessibles,
il y a encore quelques lieux qui ne sont pas accessibles, mais le matériel
roulant est accessible, il y a encore des arrêts qui demandent des travaux
d’accessibilité dans la voirie. Il est important de pouvoir travailler dans les
commissions d’accessibilité dans les communes. Et là, vous avez votre place
pour travailler sur les chemins d’accessibilité. On voit des investissements
dans des établissements recevant du public qui se mettent en accessibilité,
mais pas le cheminement. C’est un travail de proximité sur lequel il nous faut
travailler. Aujourd’hui, les grands établissements recevant du public sont
accessibles, il faut travailler sur l’accessibilité du quotidien, dans la
pharmacie, les communes, les métropoles, dans les bourgs, pour les accompagner
sur l’accessibilité des lieux, des établissements.
Nous allons lancer des ambassadeurs
d’accessibilité, en service civique, pour accompagner les communes et les
collectivités pour réfléchir de façon intelligente à ce sujet.
Pour autant, dans le plan de
relance, nous avons fléché une somme d’argent pour que la SNCF maintienne son
calendrier de mise en accessibilité de toutes les gares et autour de la gare.
C’est ça qui est important.
Vous avez raison, les JO sont un
accélérateur, j’ai missionné le préfet d’Ile-de-France pour avoir des
propositions sur le métro parisien, qui est une source de difficulté en
lui-même.
Sandrine, sur l’intérêt des Pial.
C’est un Pôle d’inclusion et d'accompagnement localisé. C’est une organisation
de l’Education nationale qui est différente, les AESH, le ministre les a
voulues au plus près des écoles, collèges et lycées, et a voulu organiser la
mise en place des AESH auprès des élèves. Ces Pial seront appuyés par le
médico-social.
Vous voulez une école où il n’y a
plus besoin de courir pour aller chez le kiné, le psychomotricien, etc. il faut
que ces SESSAD puissent intervenir dans les écoles. Bien sûr, on en est encore
loin, mais on y travaille. L’intérêt est d’organiser les intervention, et des
AESH, et pouvoir organiser les ressources médico-sociales au plus près des
lieux scolaires. C’est une vraie révolution dans l’organisation locale.
Mario : et les
travailleurs ESAT peuvent avoir un salaire décent et se projeter dans la
vie ? Ils sont usagers du médico-social. Quand j’ai fait mon Duoday
le 19 novembre, d’ailleurs il y a eu beaucoup de succès, plus de 10 000
duos ont été constitués, j’ai eu avec moi un travailleur d’ESAT, Akim, qui
bosse en ESAT depuis vingt ans, et qui souhaite être embauché en milieu
ordinaire. Il dit : « je ne suis pas usager, je suis salarié.
Je suis usager du métro. »
Ils ont besoin d’être accompagné,
d’où l’intérêt du dispositif « emploi accompagné » qui peut prendre
le relai, c’est ce que nous travaillons avec les ESAT.
Magalie : à quand le
retour de la prime d’embauche pour les salariés handicapés ?
Depuis le 1er septembre,
cette prime existe, pour toute embauche d’une personne en situation de
handicap, pour un CDD de plus de trois mois ou un CDI, quel que soit l’âge de
la personne en situation de handicap, cette mesure est prolongée jusqu’à fin
juin, le Premier ministre l’a annoncé, pour que ce soit une incitation à
embaucher, avec 4000 euros d’aide. Malgré cette crise économique, nous avons
voulu que les personnes handicapées ne soient pas les variables d’ajustement
dans cette crise économique. C’est pour ça que nous avons maintenu la semaine
européenne de l’emploi des personnes handicapées, et que j’ai mobilisé les
employeurs qui ont signé le manifeste inclusion, en leur disant :
vous vous êtes engagés, montrez maintenant que c’est une réalité. C’est pour ça
que nous avons mis aussi des référents handicap dans tous les CFA, qu’ils
accompagnent l’apprenti dans l’emploi, etc., nous mobilisons la fonction
publique pour que l'Etat soit exemplaire également sur l'apprentissage.
Dans le privé, 3,9% de personnes
handicapées, alors que le taux obligatoire est de 6%.
En fin de droits, prolongé ou
pas ? Je pense que vous parlez des fins de droit au sein des MDPH.
Si je comprends bien la question, j’ai voulu qu’il n’y ait pas de rupture de
droit, pendant la crise. Si votre dossier arrivait en fin de droit, nous avons
prorogé pour alléger la charge administrative, et maintenant il faut refaire
votre dossier s’il arrive à terme, mais pour autant, les MDPH sont extrêmement
mobilisées pour éviter les ruptures de droit, pour l’AAH, pour la
reconnaissance de qualité de travailleurs handicapés.
Quand les masques inclusifs pour
les écoles maternelles ? Normalement, ils doivent y être,
400 000 masques inclusifs ont été commandés, au départ pour les personnes
qui ont un enfant sourd dans leur classe, et il y a eu cette grosse commande
pour les écoles maternelles, ils ont été livrés, ils arrivent, si chez vous ce
n’est pas arrivé, appelez l’inspection pour voir où ça en est. Et la CAF a fait
une commande de 500 000 masques inclusifs pour les crèches, car c’est un
outil de protection, mais aussi de communication. Et peut-être dire aussi que
l'Etat est venu aux côtés des salariés en situation de handicap pour financer
le surcoût du masque, qui est plus cher qu’un masque ordinaire, il est lavable
25 fois, pour que ce ne soit pas un frein à l’insertion professionnelle. Donc
l'Etat vient assumer le surcoût de ces masques.
Autre question : plusieurs
années d’attente pour rentrer en SESSAD, j’en suis à trois ans. C’est
inacceptable.
J’espère que vous avez pu
bénéficier d’un pôle de prestations externalisées qui permet d’être un peu plus
réactif, car nous pouvons faire travailler des libéraux. Pour autant, ce n’est
pas possible d’attendre trois ans, j’ai donné les instructions aux ARS pour
qu’on soit plus rapide pour mobiliser les crédits jusqu’en région pour que les
organisations gestionnaires soient plus réactives pour traiter ces listes
d’attente, c’est insupportable, vous avez raison.
Juliette : sur la PCH
parentalité et son fonctionnement, prestation de compensation du handicap, une
grande nouveauté attendue depuis des années par les personnes en situation de
handicap, avoir l’aide nécessaire quand on est parent soi-même en situation de
handicap. Qu’est-ce que c’est ? On a voulu être très pragmatique.
C’est un forfait dès la naissance de l’enfant, à partir du 1er
janvier 2021, une demande à la MDPH, le certificat de naissance, pour avoir un
forfait de 900 euros par mois qui vous permet de mettre en place l’aide que
vous voulez, sans justificatif, et un forfait d’aide technique de 1 200 euros à
la naissance de l’enfant, aux 3 ans puis aux 6 ans de l’enfant pour acheter du
matériel adapté, une table à langer par exemple qui monte et qui descend, des
aides techniques appropriées à votre situation de handicap pour que vous
puissiez être pleinement parent. Par exemple une aide à domicile le soir, pour
donner le bain à l’enfant, ou une aide qui vient m’expliquer certains gestes
car j’ai un handicap mental, qui vient me guider dans ma parentalité. C’est une
grande avancée, on l’a voulue rapide, et nous ferons le bilan dans un an. S’il
faut l’adapter, nous l’adapterons.
Sandrine : à quand un
logement adapté ? Cinq ans d’attente et toujours rien.
Déjà, il faudrait savoir où sont
les logements adaptés. Car nous n’avons pas de cartographie. Parfois, le
locataire change, et le logement n’est pas attribué à une personne en situation
de handicap. Donc là, il y a un enjeu. Deuxièmement, vous accompagner sur les
travaux à réaliser, c’est l’enjeu de la prestation de compensation
d’aménagement de son logement, les délais sont beaucoup trop longs.
Comment les élus peuvent priver les
personnes handicapées d’une activité sportive ? Aucun élu ne peut le
faire. La société inclusive, c’est ça : comment je fais du sport à
mon club de sport à côté de chez moi ? Si j’ai besoin d’un accompagnement,
il faut pouvoir avoir accès aux fédérations handisport qui vous accompagnent
pour que cette pratique sportive soit à côté de chez vous. Il faut faire
intervenir des personnes ressources, et vous avez un référent handicap dans
toutes les mairies, un élu ne peut pas vous dire non. Ce n’est pas possible
aujourd’hui, il faut travailler à l’activité sportive, à l’activité de musique,
le handicap ne doit plus être un motif d’exclusion, en revanche, il faut
peut-être accompagner. Si vous avez un SESSAD, demandez-leur de vous
accompagner, ou fédération handisport, sport adapté, qui peuvent venir en
appui.
Une question de
Magalie : quand les prises en charge seront-elles remboursées,
psychomotricité et ergothérapie ?
Elles le sont dans le cadre du
forfait d’intervention précoce pour l’autisme au sein des troubles du neuro-développement.
C’est justement pour cette prise en charge précoce que nous avons voulu sur ces
trois éléments, psychologue, ergothérapie et psychomotricité, qui ne sont pas
pris en charge par la sécurité sociale, que vous n’ayez plus de reste à charge.
Les compléments d’allocation pour enfant peuvent prendre le relais, mais nous
voulions intervenir le plus précocement possible.
Soit c’est pour une prise en charge
précoce et ce sera poussé de 7 à 12 ans, pour que justement, on le sait,
l’intervention précoce, elle peut avoir des résultats, s’il s’agit d’un autre
type d’âge, il faut faire un dossier à la MDPH.
Fanny : vous ne craignez pas une fuite des
professionnels du médico-social suite au Ségur ?
Si, je le crains, et je suis
alertée par les associations gestionnaires, aujourd’hui, cela peut entraîner
des difficultés, nous avons dans certains établissements des alertes. Je suis
tout à fait consciente, le terrain me tient informée, je fais une visio
hebdomadaire, avec les organismes qui m’alertent sur ces sujets. Oui, il est
urgent de mettre ce problème sur la table, c’est pourquoi le Premier ministre
et moi-même avons missionné Michel Laforcade qui est l’ancien directeur général
de l’agence Nouvelle Aquitaine, qui connaît très bien ces sujets.
Marie : pourquoi les
personnes autistes doivent refaire un dossier AAH tous les deux
ans ?
Normalement, vous ne devriez plus
avoir à le refaire. Les personnes entre 50 et 80% de handicap, nous allongeons
les notifications, parce que deux ans, c’est insupportable. Pour les enfants,
ce que nous avons aussi changé dans la vie quotidienne des familles, c’est
qu’elles n’ont plus besoin de refaire leur dossier tous les ans pour la
scolarisation.
Les AESH, les dispositifs d’ULIS,
ce sont des termes un peu compliqués, mais les familles les connaissent bien,
ils sont octroyés pour un cycle scolaire. Ne perdons plus de temps à demander des
renouvellements, c’est du gagnant-gagnant pour les familles, pour les AESH,
pour l’Education nationale qui peut faire de la programmation, anticiper les
besoins, et les mettre en place.
Pour l’AAH, normalement, vous
n’avez pas besoin de le refaire tous les deux ans, elle peut être attribuée
jusqu’à 5 ans, 10 ans, et à vie pour les personnes avec un taux au-delà de 80%.
Isabelle : à quand
l’application des recommandations de la HAS en matière de prise en charge de
l’autisme ?
J’ai envie de vous
répondre : tout de suite. Nous nous y employons, nous travaillons
avec les ARS pour que quand nous avons des signalements de mauvaises prises en
charge, de pouvoir intervenir. Il faut que nous allions sur la formation des
professionnels qui sont parfois trop éloignés de ces préconisations. C’est
l’enjeu de la formation, sur les professionnels, formation aussi des parents,
nous travaillons avec la CNSA sur des sessions de formation pour que les
parents s’approprient ces recommandations et ces méthodes. C’est long, on
revient de très loin, mais c’est un axe prioritaire de la stratégie :
formation, formation, formation, pour ne plus avoir ces prises en charge qui ne
sont pas adéquates et que nous puissions agir ensemble.
Autre
question : impossible de trouver des orthophonistes disponibles en
France.
Ce n’est pas partout pareil, il y a
des zones extrêmement en tension, notamment dans les déserts médicaux. C’est
très important. Pour autant, nous avons développé la téléconsultation, c’est
aussi un outil pour les problématiques de déplacement, notamment dans les
régions rurales, cela se développe énormément. Pendant la crise, nous avons mis
en place immédiatement la téléconsultation pour les ergothérapeutes, les
psychomotriciens, car nous ne voulions pas qu’il y ait de pertes d’acquis.
C’est vraiment un levier pour permettre dans certains lieux de maintenir cette
prise en charge si importante pour beaucoup d’enfants.
Une question de
Chloé : pourquoi devoir refaire mon dossier tous les ans quand mon
handicap est de naissance ?
Vous n’avez plus besoin de le
refaire tous les ans. Vous avez des droits pour l’allocation adulte handicapé
qui peuvent aller jusqu’aux 20 ans de l’enfant. Et après, ce sera une AAH à
vie. Les MDPH sont sous la responsabilité des présidents de comité
départementaux. Nous avons perdu du temps, nous avons dit : chaque
département peut choisir son système informatique, en 2005, en 2017, on avait
déjà lancé cette idée d’un système commun, on avait pris quinze ans de retard,
pour avoir un système harmonisé, qui puisse se parler entre les MDPH, car vous
avez le droit de déménager, qui puissent se parler avec le national, avec une
politique pilotée au niveau national, avoir une visibilité sur les places
disponibles, où sont les moyens attribués, quels sont les droits. C’est en
cours. C’est l’intérêt du baromètre, pour travailler en toute transparence avec
vous, nous vous devons cette information, il en va de l’équité territoriale de
pouvoir avoir ces délais de trois mois. Il y a des retards colossaux, c’est
intolérable. Mais notamment, vous n’avez plus besoin de refaire tous les ans votre
dossier.
Philippe : Nous avons un
gros problème dans le numérique et le digital.
Il y a l’accessibilité numérique
pour tous, avec Amélie Demontchalin, nous travaillons à ce que ce soit une
réalité, l’accessibilité. On est loin du compte. Les 250 sites les plus
importants en termes d’accessibilité ne sont pas accessibles.
Il y a un baromètre des sites
accessibles qui a été mis en place.
Et nous devons travailler sur la
formation des personnes. Il faut que le tout numérique soit accompagné de ces
guichets avec un accompagnement des personnes, c’est pour ça que nous
développons des guichets de proximité, les maisons France service aussi doivent
accompagner, car il y a des personnes éloignées du numérique. Il faut former
les personnes, améliorer l’accessibilité universelle du numérique, et il faut
se dire que c’est un atout formidable dans notre pays, nous avons énormément de
formations sur le numérique, notamment pour les personnes handicapées sur le
développement numérique, c’est un développement pour les personnes elles-mêmes,
ça embauche dans ce secteur, nous avons beaucoup de demandes pour avoir des
webmasters formés à l’accessibilité numérique, il faut le voir comme une force
dans notre pays.
Une autre question :
augmentation de l’AAH ?
Elle a été augmentée deux fois en
2018 et en 2019, pour atteindre 900 euros par mois, elle est partie de 800. Ça
représente un investissement sur le quinquennat de 2 milliards, car le budget
global, c’est 11 milliards d’investissements. Permettez-moi de dire que la mobilisation
du gouvernement est totale auprès des personnes handicapées, parce que vous
avez des budgets dans l’Education nationale, plus de 3,6 milliards, pour les
élèves en situation de handicap, les enseignants spécialisés, le maillage des classes, de l’investissement
dans l’emploi, dans la culture, dans le sport, en fait, chaque ministre,
c’était l’enjeu du CIH, a réaffirmé que dans sa politique publique, il était
responsable des personnes en situation de handicap, et de prendre en compte les
besoins d’aménagements.
Question de Sandrine :
quels sont vos projets pour 2021, pour nous tous, les personnes handicapées?
Beaucoup de projets, Sandrine, qui ont été réaffirmés le 16 novembre dernier.
Toujours mon mantra : les personnes handicapées sont des citoyens à
part entière. Ce qu’on a fait : droit de vote pour les personnes
majeures protégées sous tutelle, trente ans que les personnes l’attendaient.
Vous pouvez aller voter, vous marier, vous pacser, vous soigner sans
l’autorisation du juge.
Avant, une personne sous tutelle
avec une rage de dents ne pouvait pas aller se faire soigner car on n’arrivait
pas à joindre son juge. C’est fini. Nous avons l’augmentation de l’AAH, les
droits à vie, l’aide à la parentalité, nous allons accélérer l’octroi des
droits, l’équité du territoire, et l’école inclusive, projet fondateur, sur
l’emploi également, et accompagner ceux qui ont des besoins complexes.
Il est intolérable aujourd’hui que
certains adultes autistes sévères doivent partir en Belgique pour avoir une
réponse. Nous travaillons à des sorties de petites unités à 6, 7 personnes,
pour permettre justement cette dignité de vie pour les personnes les plus
complexes. Voilà rapidement mes projets pour 2021. Dire aussi que
l’accessibilité universelle, celle du gouvernement, c’est indispensable, et je
remercie les interprètes et les vélotypistes qui nous permettent d’être 100%
accessibles, le président, le Premier ministre, les conférences de presse santé
ne sont plus jamais sans interprète en langue des signes, il en va de pouvoir
toucher l’ensemble de nos concitoyens.
Je suis désolée, nous arrivons au
terme, je veux vous dire merci, c’est important que nous puissions dialoguer.
Nous sortons une Foire aux questions, qui est remise à jour régulièrement, elle
est accessible, en Facile à lire et à comprendre. Nous allons mettre le choix
de vaccination en facile à lire et à comprendre.
Vous dire que nous sommes en pleine
crise sanitaire, il va y avoir les fêtes, donc les gestes barrières, la
distanciation physique, c’est extrêmement important. Je sais que la période est
compliquée, prenez ce temps de repos en famille, en respectant bien ces gestes
barrières, il est important aussi de pouvoir se ressourcer. J’ai une pensée
particulière pour les personnes isolées, pour les aidants qui sont toujours à
côté des personnes isolées, mes pensées vont à eux, ce numéro est toujours
actif, et nous serons à leurs côtés.
Permettez-moi de vous souhaiter
aussi de très bonnes fêtes, mais des fêtes sécurisées, et de porter nos masques
tous ensemble et de faire les gestes barrières pour protéger tout le monde. Je
vous remercie et très bonnes fêtes à tous et à toutes.