DuoDay 2025 : retour d'expérience d'un stagiaire du ministère
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Le DuoDay permet, le temps d’une journée, à des personnes en situation de handicap de s’immerger dans le quotidien d’un professionnel, que ce soit dans le secteur public ou privé. Cette expérience offre l’opportunité de mieux connaître un métier, de préciser son projet professionnel et de développer un réseau de contacts. Pour l’organisation qui accueille, c’est également un moyen de montrer son engagement en matière de recrutement inclusif et de contribuer à la lutte contre les idées reçues sur le handicap en entreprise.
Rencontre avec Durel qui a été accueilli au sein de la délégation générale à l’emploi et à la formation (DGEFP) du ministère du Travail et des Solidarités le temps d’une journée dans le cadre du Duoday.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Durel, j’ai 19 ans et je suis actuellement en master 1 de développement des ressources humaines, tout en suivant parallèlement un bachelor. J’ai également une double licence en sciences politiques et sciences humaines.
Pourquoi avoir décidé de se tourner vers des études en ressources humaines ?
Les ressources humaines souffrent d’une image souvent très négative. Parfois cette perception est justifiée, parfois non. Dans mon futur métier, j’ai envie de remettre les bases à plat et de replacer réellement l’humain au centre des processus, car on a perdu beaucoup d’humanité. Je veux aussi combattre les préjugés liés aux handicaps invisibles : je suis moi-même concerné et j’ai déjà fait l’objet de plusieurs enquêtes lors de recrutements potentiels. Avec mon bégaiement, je sais qu’après plusieurs entretiens, j’ai peu de chances d’être recruté. C’est précisément ce constat qui me motive : il y a aujourd’hui un vrai problème dans les pratiques de recrutement.
Par ailleurs, lorsqu’une offre d’emploi précise « ouvert aux personnes en situation de handicap », c’est un point qui me dérange : cela devrait aller de soi. Au lieu d’être un signe d’inclusion, cette mention crée parfois l’effet inverse en enfermant les personnes concernées dans une catégorie particulière. Je m’intéresse aussi de près aux questions de droit du travail. J’aimerais pouvoir contribuer, à mon échelle, à faire évoluer les choses et à lutter contre les préjugés autour du handicap invisible.
As-tu rencontré des difficultés dans ton parcours scolaire et/ou professionnel liés à ton bégaiement ?
Oui, le fait d’être bègue m’a confronté à de réelles difficultés, notamment dans le monde professionnel. Beaucoup pensent encore qu’on ne peut pas être un bon RH lorsqu’on bégaie. Mon handicap m’empêche de m’exprimer rapidement, et pour certains recruteurs, qui attendent une parole fluide et rapide, cela pose problème. Cela ajoute une difficulté supplémentaire dans mes études comme dans ma vie professionnelle, car mon bégaiement rend la recherche d’une alternance particulièrement compliquée. Je réfléchis donc à d’autres solutions pour poursuivre mon parcours, comme un stage alterné.
Vivre avec un handicap m’a aussi appris la résilience. Face à tous les obstacles auxquels j’ai été confronté, j’aurais pu abandonner, mais j’ai choisi de persévérer.
Comment as-tu découvert le Duoday ? Est-ce une démarche personnelle ? Quelqu’un t’a incité à participer ?
Chaque jour, je fais une veille juridique, ce qui me permet de recevoir de nombreuses informations, notamment sur les questions liées au handicap. C’est d’ailleurs grâce à cette veille, mais aussi à l’appui de ma conseillère emploi, que j’ai découvert cette opportunité. Elle pensait que cette expérience pourrait être particulièrement enrichissante pour moi, en me donnant une vision globale de ce qui se fait au sein du service public.
Qu’est-ce qui t’as motivé à t’inscrire pour participer au Duoday ?
Ma première motivation était de découvrir la fonction publique. Dans le domaine des ressources humaines, les pratiques, les règles et même la culture diffèrent beaucoup entre le secteur public et le secteur privé. J’avais envie de comprendre concrètement comment fonctionne la gestion des agents publics, quels sont les dispositifs spécifiques, les statuts, les modes de recrutement ou encore les leviers de carrière. Depuis le début de la journée, j’ai déjà appris énormément sur les conditions d’emploi dans la fonction publique et sur la manière dont elles se distinguent de celles du privé. C’était un aspect essentiel pour moi, car je voulais vraiment élargir ma vision du métier et mieux comprendre ces deux univers pour pouvoir, plus tard, faire des choix professionnels éclairés
Est-ce que cette journée t’a permis de mieux comprendre ce secteur d’activité ?
Tout d’abord, cette journée m’a permis de mieux comprendre les conditions de travail des agents publics, et j’ai réalisé qu’il existe encore de véritables marges de progression. Certains besoins ne sont pas entièrement pris en compte, et cela me donne d’autant plus envie d’approfondir les sujets liés à la qualité de vie et aux conditions de travail (QVCT). J’aimerais notamment que des dispositifs plus solides soient mis en place pour accompagner les agents atteints de maladies ou confrontés à des situations particulières, afin qu’ils puissent exercer leur métier dans de bonnes conditions.
Cette immersion m’a aussi permis de revoir mes propres idées préconçues. Avant cette expérience, j’avais quelques préjugés sur la fonction publique, souvent fondés sur ce qu’on entend ou ce qu’on imagine de l’extérieur. Découvrir concrètement les missions, les contraintes, mais aussi l’engagement réel des équipes m’a aidé à déconstruire ces préjugés et à porter un regard plus juste sur ce secteur.
Qu’est-ce que cette journée au sein de la DGEFP tu as appris ?
J’ai d’abord découvert qu’il existe bien plus de métiers dans la fonction publique que je ne l’imaginais. C’était vraiment intéressant de comprendre comment tout fonctionne de l’intérieur. En lien avec mes études, j’ai aussi appris qu’il existe différentes catégories de RH, comme ici les RH de proximité qui dépendent de la direction des ressources humaines (DRH).
Je connaissais finalement assez mal la fonction publique dans son ensemble, et même si cette journée n’est pas représentative de tout le secteur, elle m’a permis de découvrir de nombreux aspects qui m’aideront à mieux choisir si je veux m’orienter vers le privé ou le public.
Après cette première expérience du Duoday, as-tu envie de renouveler l’expérience ? Si oui, où ?
Oui, j’aimerais plutôt m’orienter vers le secteur juridique, car il existe deux cadres distincts : le droit européen et le droit français. Ils ne sont pas toujours parfaitement alignés, et j’aimerais comprendre concrètement comment fonctionne l’application de ces textes.
J’aimerais également découvrir davantage le secteur privé, afin de mieux appréhender les différences entre ce milieu et le secteur public.