Discours de Sophie CLUZEL, lors de la journée « Handicap et Médias »

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Journée « Handicap et Médias », Le 29 juin 2017 – 09h00 (France Télévisions – 5 esplanade Henri de France – Paris 15ème)

 

Seul le prononcé fait foi

 

 

Madame la ministre de la culture, chère Françoise,

 

 

Madame la présidente de France Télévisions,

 

 

Madame la présidente du CNCPH,

 

 

Monsieur le représentant du défenseur des Droits,

 

 

 

Mesdames, Messieurs, Chers amis,

 

 

« La télévision n’est pas le reflet de ceux qui la font mais de ceux qui la regardent » disait Françoise GIROUD. Parmi eux, 12 millions de français sont touchés par le handicap, cela fait un large public.

 

Une grande partie regarde la télévision en quête de représentativité.

 

 

Le secrétariat d’État aux Personnes Handicapées est porteur d’une ambition extrêmement forte pour le quinquennat : initier une véritable révolution culturelle avec pour objectif de changer les regards sur le handicap, ambition qui va pouvoir se développer car le Secrétariat d’État est auprès du Premier ministre irrigant ainsi l’ensemble des politiques publiques.

 

 

Les médias ont naturellement un rôle important, primordial à jouer. A ce titre, pour construire une société réellement inclusive, accessible, fraternelle, la visibilité de la personne handicapée doit être justement représentée dans les médias à défaut d’être une minorité.

 

 

Le gouvernement a fait du handicap une priorité du quinquennat, l’un des aspects que j’ai évoqué lors du Conseil des ministres est le changement de regard. En effet, nous avons pour objectif de changer le regard de la société sur le handicap, de vaincre les appréhensions et de lever les obstacles de l’esprit. En effet, la personne handicapée ne doit pas être réduite à des déficiences à compenser, cette personne regorge d’envie, de motivation et ne demande qu’à s’illustrer.

 

 

Je suis moi-même parent d’une jeune adulte, Julia 21 ans, avec une trisomie 21 et sa ténacité au quotidien à vivre sa vie pleinement me conforte dans cette direction. Cette énergie, il faut la mettre en valeur. Par conséquent, au même titre que pour la société je pense profondément que la personne handicapée est une ressource dans un média.

 

 

Je serai également extrêmement attentive à la liberté d’expression des personnes handicapées, au développement de leurs capacités à s’exprimer librement sans encadrement, dans le plein exercice de leurs droits fondamentaux.

 

Dans la droite ligne qui animera la feuille de route fixée par le Président de la République, à savoir l’égalité des chances de tous à tout et l’accès à la pleine citoyenneté.

 

 

Formation

 

 

Je suis bien consciente que les personnes en situation de handicap doivent en faire plus pour convaincre et pour atteindre leurs objectifs. Il faut donc les accompagner dans cette démarche et cela commence dès la formation. Je salue la signature de la charte (signée entre les écoles de journalisme et le CSA) visant à favoriser la formation et l’insertion des personnes handicapées dans les médias, sous la houlette de Mémona HINTERMANN-AFFEJEE, conseillère du CSA.

 

C’est par ces initiatives constructives concrètes et efficaces que nous arrivons à une société inclusive par le biais des médias.

 

 

Accessibilité

 

 

L’inclusion passe également par l’accès de tous à l’information et à la culture. Thèmes que je partage avec vous, madame la ministre de la culture, chère Françoise, nous avons d’ailleurs déjà eu l’occasion d’en parler.

 

On entend par « accès à l’information », l’accessibilité universelle des programmes : les dispositifs d’audiodescription, je salue par ailleurs les efforts faits par France Télévisions sur cette question mais aussi la traduction en LSF dans les tranches d’information en continue. Cet effort est capital à l’heure où de plus en plus de personnes handicapées veulent participer à la vie citoyenne et s’informer comme tout le monde.

 

 

Représentativité

 

 

Il est question également, j’en ai parlé un peu avant, de la représentativité des personnes en situation de handicap dans les médias.

 

Bien évidemment tout ne se fera pas du jour au lendemain mais de nombreuses actions s’opèrent dans l’amélioration de la situation : à l’image de la météo présentée sur France 2 au printemps dernier par Mélanie SICARD, jeune femme avec une Trisomie 21.

 

Plus de 5,3 millions de personnes ont été sensibles aux compétences d’une jeune fille autrement capable.

 

 

L’idéal serait que ces actions ne soient plus des évènements ponctuels mais deviennent naturelles à l’instar de Frédéric ZEITOUN, chroniqueur dans l’émission « C’est au programme » de Sophie DAVANT ou Yanis BACHA, mon conseiller en charge de la culture, autrefois reporter sur Canal Plus Sport.

 

 

Le changement de regard passera également par la retransmission régulière des compétitions paralympiques avec en ligne de mire, je l’espère et nous l’espérons tous, l’organisation des Jeux Olympiques 2024. Il est par exemple regrettable que la finale de tennis fauteuil à Roland Garros sur les chaînes de France Francevision n’ait pas pu être retransmise, car elle s’est déroulée dans une salle non équipée.

 

 

Mais aussi par la mise en avant de fiction et de programmes culturels en rapport avec le handicap comme « Caïn », fiction diffusé sur France 2, qui met en scène un policier en fauteuil roulant. On peut citer aussi le programme court « Vestiaires » sur France 2 mettant en scène le quotidien d’athlètes handisport à une heure de grande écoute juste après le journal de 20 heures. Ou encore une politique d’incitation à la participation dans les castings de jeux télévisés ou programmes de fictions ou programmes divers impliquant les personnes en situation de handicap.

 

 

Vous l’aurez compris, la tâche est immense mais elle est belle. Ce que nous devons faire c’est redonner goût à la personne de s’impliquer dans la vie citoyenne, de lever la barrière psychologique, de bannir l’autocensure, trop souvent présente et qui est un fléau parfois bien plus grave que la discrimination car c’est un plafond de verre qu’on met au-dessus de soi.

 

 

Profitons de cette journée avec la richesse intellectuelle et l’expertise aiguisée des acteurs pour la rendre productive et pour faire l’état des lieux complet autour d’une même base de travail.

 

 

C’est pas la concertation et le retour d’expériences de chacun que nous établirons une méthode viable sur la durée.

 

 

Alors, relevons ce défi ensemble !

 

 

Je vous remercie.