20 ans de la loi du 11 février 2005

Bilan et perspectives pour une société pleinement inclusive

Publié le | Temps de lecture : 6 minutes

20 ans loi handicap

Adoptée il y a vingt ans, la loi du 11 février 2005 a marqué un tournant majeur dans la reconnaissance des droits des personnes en situation de handicap. Aujourd’hui, alors que l’inclusion est plus que jamais un enjeu de société, il est essentiel de dresser le bilan des avancées réalisées et d’identifier les défis qui demeurent pour garantir à chacun une pleine participation à la vie sociale, professionnelle et citoyenne.

À l’occasion de cet anniversaire, le Gouvernement organise une journée de réflexion et d’échange au Handilab. Cet événement réunira des acteurs publics, des associations, des entreprises ainsi que des citoyens engagés afin d’analyser les progrès accomplis et de définir les actions à poursuivre pour une société pleinement inclusive.

« En 2005, j'avais 20 ans et je n'aurais jamais pu imaginer ce qui allait m'arriver. Aujourd'hui, j'en ai 40. Ma carrière sportive touche bientôt à sa fin et le constat est clair : le monde a avancé. 

Cette même année, une loi a été promulguée, celle du 11 février 2005, pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Cette loi est une promesse d'ouverture et d'inclusion aux personnes en situation de handicap à tous les champs de la société, et elle a posé les bases d'un principe essentiel : c'est à la société de s'adapter aux personnes en situation de handicap et non l'inverse.

Petite fille, j'ai compris ma différence à l'école quand les enfants refusaient de jouer avec moi. Mon père m'a expliqué : « C'est parce que tu es déficiente visuelle et albinos. » Aujourd'hui, plus d'enfants sont scolarisés et accompagnés. Mais comme dans toute compétition, il faut viser le sommet. Beaucoup trop de familles rencontrent encore des difficultés pour obtenir des solutions adaptées. L'enjeu est de poursuivre ces engagements pour que chacun trouve sa place.

Le sport fait partie de ma vie. Championne du monde, puis médaillée d'or paralympique en athlétisme, le dépassement a été un moteur. Mais j'ai aussi voulu garder un ancrage professionnel, loin de la vie sportive. Je travaille depuis plus de 15 ans dans la même société et désormais, au sein de la mission handicap. Mon rôle : adapter les conditions de travail et sensibiliser pour que le handicap ne soit pas un frein, ni à l'emploi, ni à l'évolution professionnelle.

En 20 ans, le taux d'emploi et les mentalités ont évolué, mais nous devons continuer à lever les obstacles car beaucoup trop de personnes restent encore éloignées du marché de l'emploi, faute d'accompagnement adapté.

La loi de 2005 a inscrit un mot dans notre société : le droit à la compensation. Ce mot, c'était une petite révolution. Cette loi a aussi marqué un pas vers plus d'accessibilité des bâtiments, des transports et des moyens de communication. Pour autant, 20 ans plus tard, il reste encore trop de lieux inaccessibles et des personnes qui doivent se battre pour circuler, étudier, faire du sport ou accéder aux loisirs.

Dans ma vie, ces changements ont pris des formes concrètes : une pratique du sport adaptée, un accompagnement spécifique au travail, des solutions numériques pour me déplacer plus facilement. Mais ce qui est accessible pour moi ne l'est pas encore pour tous. Cette loi était un levier pour construire une société plus juste, mais le chemin reste encore long pour arriver à une société qui ne laisse personne de côté.

En tant que porte-drapeau aux Jeux paralympiques de Paris en 2024, j'ai ressenti la puissance du collectif. Porter la flamme olympique était plus qu'un symbole, c'était un message. Le vivre-ensemble est possible et il commence par l'action.

Longtemps, j'ai été mise de côté, mais grâce au soutien et à l'accompagnement, j'ai pu révéler mes capacités. Dans 20 ans, je suis sûre que notre société sera méconnaissable. Et pour cela, il faut agir, agir pour des solutions pédagogiques adaptées, pour qu'aucune famille ne se retrouve sans solution pour son enfant, agir pour des emplois accessibles et un parcours de formation varié et ambitieux, agir pour un accès aux transports, aux loisirs, aux lieux publics et aux sports, pour que personne ne soit empêché de vivre pleinement sa citoyenneté, agir, enfin, pour une société où la différence ne fait plus peur, où l'inclusion est naturelle et quotidienne.

Les mots inspirent, les lois posent les bases, mais seuls les actes changent le monde. »

Depuis 2005, des évolutions significatives ont permis d’améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap. L’accessibilité des infrastructures a progressé avec l’adaptation de nombreux établissements recevant du public et de certaines infrastructures de transport. Dans le domaine de l’éducation, le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire a considérablement augmenté, passant de 130 000 en 2005 à plus de 520 000 aujourd’hui. L’insertion professionnelle a également connu des améliorations grâce à la mise en place d’incitations pour l’emploi et d’un accompagnement renforcé, même si le taux de chômage des personnes en situation de handicap reste encore deux fois plus élevé que la moyenne nationale.

Cependant, malgré ces avancées, des obstacles persistent et nécessitent une mobilisation renforcée. L’accessibilité universelle demeure incomplète, notamment dans les transports et certains établissements publics, limitant encore l’autonomie des personnes concernées. L’accès à l’emploi reste un défi majeur, en raison des discriminations persistantes et de l’adaptation insuffisante des postes de travail. De plus, les démarches administratives restent souvent complexes et lentes, rendant l’accès aux droits plus difficile pour de nombreuses personnes.

Conscient de ces enjeux, le Gouvernement renouvelle son engagement en faveur d’une société inclusive et annonce plusieurs mesures concrètes pour accélérer les progrès. Dès décembre 2025, la prise en charge intégrale des fauteuils roulants sera mise en place afin de garantir un meilleur accès aux équipements essentiels. L’accessibilité des services publics et des plateformes numériques sera renforcée pour permettre une autonomie totale dans les démarches du quotidien. Enfin, les procédures administratives seront simplifiées afin de faciliter l’accès aux prestations et d’améliorer l’accompagnement des personnes en situation de handicap.

Le Premier ministre François Bayrou rappelle que la pleine participation de chacun à la société est un impératif absolu et souligne l’importance de poursuivre les efforts engagés. Selon lui, seule une action collective permettra de concrétiser pleinement les principes de la loi de 2005 et d’offrir à chaque citoyen, quel que soit son handicap, les mêmes opportunités et les mêmes droits.

« Vingt ans après l’adoption de cette loi, beaucoup a été fait, mais il reste encore trop d’obstacles à lever. Cette journée n’est pas seulement une commémoration, c’est un moment de réflexion collective pour bâtir des solutions concrètes, en écoutant ceux qui vivent le handicap au quotidien. Nous voulons imaginer, avec tous les acteurs, une société où chacun trouve pleinement sa place. »

Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre chargée de l’Autonomie et du Handicap

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