Discours de Mme Geneviève Darrieussecq lors de la conférence de lancement de l'opération « Jouons ensemble » à l'Arcom

Paris, le 10 novembre 2022

Publié le | Temps de lecture : 5 minutes

Intervention de Mme Geneviève Darrieussecq, ministre chargée des Personnes handicapées aux côtés de M. Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées, lors de la conférence de l'Arcom pour le lancement de l'opération « Jouons ensemble ». 

Seul le prononcé fait foi.

Monsieur le président Maistre,
Madame Bienaimé Besse, présidente du groupe de travail « Éducation, protection des publics et cohésion sociale dans les médias audiovisuels et numériques »
Chère Marie-Amélie Le Fur,
Chère Pauline Deroulède
Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureuse d’être présente aujourd’hui à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique pour le lancement de cette opération « Jouons ensemble ». Je remercie le président Maistre de nous avoir réunis ici.

Cette opération est importante parce qu’elle sera un moment de grande mise en lumière médiatique pour le parasport. Cette visibilité du parasport est un enjeu essentiel pour nos politiques du sport et du handicap.

D’abord, il s’agit de préparer la voie qui nous mènera aux Jeux de Paris 2024. Ces Jeux promettent d’être une grande et belle fête populaire, et nous nous en donnons les moyens. La cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques se tiendra place de la Concorde et en bas des Champs Élysées – manière de placer le handicap au cœur de la cité. Mais il faut aussi donner les moyens aux Françaises et aux Français de profiter du spectacle, en assurant au maximum la diffusion des compétitions par les médias audiovisuels. Chaque olympiade a été par le passé l’occasion de progresser. Pour les Jeux de Tokyo, il y a ainsi eu une augmentation de 50% des retransmissions télévisées des épreuves paralympiques par rapport à ceux de Rio. La France doit relever à son tour ce défi, et l’opération « Jouons ensemble » nous y prépare dès aujourd’hui.

Plus globalement, ce qui se joue avec la visibilité du parasport, c’est celle du handicap en général. On le sait d’expérience, les jeux paralympiques changent la société des pays hôtes. Ils ne sont pas seulement un événement d’envergure mondiale, mais aussi un moyen pour faire progresser notre société et notre environnement de manière durable. Pour les Jeux de Londres en 2012, on sait ainsi que 80% des Britanniques considèrent que cela a fait évoluer le regard de la société sur le handicap. Il faut donc se saisir de l’événement comme d’une opportunité.

Cela impliquera aussi pour les opérateurs et les médias d’être particulièrement attentifs à la manière dont le handicap est représenté à travers la diffusion du parasport. Je sais que l’Arcom travaille sur ce sujet en bonne entente avec les personnes en situation de handicap et leurs représentants sur ce sujet hautement important. C’est de la sorte que l’on peut diffuser les bonnes pratiques afin de construire un regard plus juste sur les personnes en situation de handicap, un regard qui leur donne la visibilité qu’elles méritent tout en étant respectueux de leur dignité.

Enfin, et c’est un objectif fondamental, l’opération « Jouons ensemble » va permettre de promouvoir la pratique du sport par les personnes en situation de handicap.

Nous devons encourager cette pratique, car nous savons bien qu’elle est un vecteur d’inclusion reconnu. Nous connaissons son intérêt dans la lutte contre la sédentarité et sur la santé physique, mais nous savons aussi son importance pour la santé psychique et le bien-être. Le sport, c’est aussi un espace de socialisation où se joue l’apprentissage de règles communes dans un environnement de jeu.

En donnant de la visibilité au parasport, nous incitons les personnes en situation de handicap à pratiquer une activité sportive, dans une logique d’exemplarité qui peut mener à se poser cette vaste et belle question : « pourquoi pas moi ? ».

Mais la médiatisation à elle seule ne suffit pas et doit s’appuyer nécessairement sur une stratégie plus globale. Nos concitoyens méritent une politique volontariste pour promouvoir la pratique du parasport. C’est le rôle de la « Stratégie sport et handicap 2019-2024 », qui permet de fixer un cap mobilisateur. Et c’est le sens du travail que nous menons main dans la main avec la ministre des Sports et Jeux olympiques et paralympiques Amélie Oudéa-Castéra.

Nous voulons ainsi une offre sportive plus structurée, en promouvant des clubs de sport inclusifs. L’enjeu est de sensibiliser les dirigeants et les encadrants des structures existantes pour leur permettre de construire une offre locale. Nous visons ainsi 3000 clubs supplémentaires d’ici 2024, pour un maillage territorial équilibré, afin que tous ceux qui le souhaitent puissent pratiquer le parasport dans de bonnes conditions et à une distance raisonnable de leur domicile.

Nous apportons également des aides à l’équipement, avec une TVA passée à 5,5% sur les équipements sportifs spéciaux depuis juillet 2022, mais aussi des fonds de l’agence nationale du sport pouvant être mobilisés pour la mise en accessibilité des infrastructures. Nous voulons également baisser le coût de la pratique parasportive pour les personnes. Le PassSport n’est pas seulement envoyé aux familles bénéficiaires de l’allocation de rentrée scolaire, mais également enfants et jeunes en situation de handicap.

Mais nous devons également faire preuve d’imagination pour trouver des solutions innovantes. Les « ressourceries », qui permettent de mettre en commun des équipements couteux, dans une logique de réemploi et de solidarité, constituent une piste intéressante pour les familles. Nous pouvons également réfléchir à une meilleure prise en charge des prothèses de course.

Enfin, nous devons inciter le secteur médico-social à développer la pratique sportive. La loi Sport de mars 2022 est une aide précieuse, puisqu’elle prévoit la désignation de référents sports dans les établissements sociaux et médico-sociaux. Mais il nous reste à rendre tout cela concret et c’est le sens de la mission confiée aux inspections de nos deux ministères pour organiser la déclinaison des 30 minutes d’activité physique quotidienne dans les ESMS accueillant des enfants – à l’instar de ce qui est fait à l’école primaire.

Encore une fois, vous autres médias allez être des alliés précieux pour mettre en lumière les initiatives vertueuses qui naissent tous les jours sur le terrain. Et je suis convaincue que l’opération « Jouons ensemble » jouera tout son rôle pour nourrir cette belle dynamique de l’inspiration.

Je vous remercie.